C'était une sorte de cornet de carton, aux couleurs vives, soigneusement différenciées entre filles et garçons. Les remises en cause des stéréotypes de genre n'avaient pas encore émergé dans les consciences. Epoque étrange où chaque chose semblait immuablement à sa place.
J'avais déjà cette curiosité d'esprit qui me faisait me poser la question : ai-je le droit d'avoir une pochette bleue, celle réservée aux garçons ? Mon père me connaissait bien, puisqu'il me fit ce plaisir transgressif plus d'une fois, autant qu'il m'en souvienne.
Mais peu importait : c'était la fête quand j'ouvrais fébrilement cette corne d'abondance, le coeur battant. Ce qui s'y trouvait avait moins de valeur que ce simple geste plein de suspense et de joie... Je sentais tout l'amour paternel enrubanné dans le papier de soie.
En retour, j'ai aimé très vite surprendre mon entourage. Préparer en secret ces infusions de coeur, ces embuscades d'amour qui font pétiller la vie des autres.
J'en ai gardé le goût profond des surprises : rien ne m'enchante plus que de préparer soigneusement ces petits riens qui feront plaisir à leur destinataire. Jouer les pères Noël, les Mary Poppins, les Amélie Poulain, voilà mon truc. J'y trouve un plaisir subtil. Préparer le gâteau de Peau d'Ane, et y glisser un diamant.
Alors pour toi, dont l'horloge va sonner demain un nouveau tour de soleil, j'ai mijoté une escapade dont tu ne sais rien. J'ai hâte. Hâte de voir tes yeux, d'entendre tes exclamations confondues, ébahies, éberluées. Tu es si beau quand tu souris.
Et vous, me raconterez-vous vos surprises, que vous fîtes ou que l'on vous fit ?
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